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Homélie de
l’Epiphanie 2014

A l’Epiphanie, aux humbles bergers comme aux mages somptueux, Marie révèle, Marie présente le fruit conçu en son sein, l’œuvre parfaite qui résume et en qui fusionnent tout l’humain et tout le divin : le Verbe fait chair, Dieu fait homme.

 

Comment le Verbe fait chair se manifeste-t-il ? Sur les nuées ? Debout sur un char de feu ? Avec grande puissance et grande gloire ? Non ! Le Verbe se manifeste dans cet humble enfant de quelques mois, fragile nourrisson à la merci des hommes.

 

Ce comportement divin nous apprend deux choses. D’abord que Dieu aime et respecte l’homme. Il ne veut pas attenter à son libre-arbitre en s’imposant. C’est dans le lent cheminement des âmes humaines, qu’un jour ou l’autre, cette reconnaissance se fera. Lorsque, après maints combats intérieurs, l’homme tombera à genou et dira : « Je crois ! Je crois en toi, Jésus-Christ, lumière et feu de mon âme ». Ensuite, que la toute puissance du Verbe, par amour, choisit l’humilité pour approcher les hommes chutés.

 

Il n’y a qu’aux bergers de Bethléem et aux mages que cette incarnation a été annoncée. Aux premiers par des anges, aux seconds par l’Etoile. Parce que les uns comme les autres ne se sont incarnés que pour parrainer cet instant extraordinaire : l’incarnation du Fils que, par amour, Dieu a offert aux hommes. Dieu prend chair en cet enfant et la face du monde est changée ! Vous rendez-vous bien compte ?! Dieu se fait homme et la face du monde s’en trouve changée !

 

 « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre en Orient et nous sommes venus l’adorer. » (Math. Ch.2 v.2)  Savants astrologues, alchimistes couronnés, initiés aux arcanes (mystères, secrets) de la Tradition Universelle, ils ont cru et ils sont venus. Des plateaux de Judée ou des confins du monde, mages et bergers ont répondu à l’appel de Dieu. La foi les a arrachés à leurs habitudes et à leur confort. La foi les a jetés dans l’action. Leur quête s’achève à Bethléem aux pieds de l’enfant de Marie qui se révèle être l’acte de l’éternel Amour, la manifestation de la seule Vérité, la Lumière du seul chemin qui conduit au Père.

 

En se dépouillant, dès sa naissance, de tout le fatras satanique qui pourrit nos vies, Jésus nous montre l’essentiel des choses de la vie qui sont :

  •  l’homme et sa mission,

  •  l’humilité dans l’obéissance,

  •  le détachement dans le dénuement,

  •  la simplicité dans le risque,

  •  l’amour dans le don total.

Tout le reste est secondaire. Tout le reste est vanité.

Il est vrai que les choses essentielles s’accomplissent toujours dans le silence, dans le recueillement, dans le secret. La reconnaissance de Jésus-Christ, la foi en Jésus-Christ, a besoin d’être engendrée dans le jardin secret des âmes. Elle a besoin pour se développer de l’ombre close des matrices nourricières. En un éclair, illuminée de l’intérieur, la jeune fille de Nazareth avait compris cela.

 

Aujourd’hui les hommes s’agitent en tous sens. Nos sociétés souffrent de convulsions annonciatrices de bouleversements profonds. La décadence s’inscrit dans les mœurs. Nos gouvernants trahissent et bafouent sans vergogne, sans scrupules, les lois universelles. Les catastrophes naturelles se multiplient. Notre Terre-Mère se secoue et rejette le comportement dépravé d’une partie de ses enfants.

 

Mais aujourd’hui, comme il y a 2000 ans, nous sommes aux portes d’une nouvelle « Epiphanie », d’une nouvelle manifestation. Et cette manifestation dépend nécessairement et  inéluctablement  de la foi, de l’obéissance, et du sacrifice d’un petit nombre d’hommes et de femmes en marche vers la sainteté qui est la rencontre fusionnelle et harmonieuse de leur personnalité avec le Christ en eux. Pour que cette fusion devienne possible, frères et sœurs, chevaliers et amazones blanches, pour que cette fusion devienne possible, travaillons à nous libérer de nos blocages, travaillons à nous libérer de nos peurs, à nous libérer de nos rancoeurs, de tout ce qui nous paralyse, de tout ce qui en nous fait obstacle à la rencontre avec notre divinité, avec l’étincelle divine qui repose en nous, de tout ce qui barre le chemin qui mène au Christ qui nous attend à l’intime de notre cœur, qui nous attend au cœur de notre graal animique. Libérons-nous de tout ce qui nous empêche de faire un avec le Christ. Ecoutons la voix du Baptiste qui crie : « Repentez-vous…Préparez le chemin du Seigneur. Aplanissez ses sentiers…et toute créature verra le salut de Dieu. » (Math. 2/ 2-3, Luc 3/6)

Les clés, les seules clés qui permettent de réaliser cette union avec notre divin Maître, avec notre essence, sont le pardon et l’amour ! Le pardon : pardon total et sans restrictions mentales aucunes à nous-mêmes d’abord, puis à notre prochain. L’amour : s’aimer soi-même en premier lieu sans quoi l’amour des autres est impossible, puis aimer son prochain. Sans l’amour inconditionnel de son prochain, de son prochain le plus proche, l’amour de Dieu n’est qu’une illusion. Dans sa première épître l’apôtre Jean écrit : « Celui qui n’aime pas son prochain qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. » (2/2O)

 

 Le temps du Paraclet approche. L’ouverture de la neuvième porte derrière laquelle se tient « Béatrice » ne dépend que d’eux et de nous. Il dépend de notre témoignage que l’ « Etoile » guide les mages d’aujourd’hui et que le message des anges soit entendu des hommes de bonne volonté. De tous temps, Marie fait surgir pour le service du Christ sa milice sainte. L’appel vous a frappé et vous êtes venus vous mettre au service du Christ au sein de La Table Spirituelle. Depuis, au tréfonds de nos âmes, dans le silence de nos cœurs, s’élabore l’homme de paix et d’amour. De l’inconscience à la prise de conscience de notre destin royal, de chutes en victoires, de souffrances subies en sacrifices acceptés, de vie religieuse en vie spirituelle, de seuil en seuil, soumis au feu de l’Esprit, nous faisons progressivement sauter les chaînes qui entravent l’homme naturel et l’empêchent d’accéder à la stature parfaite du nouvel Adam. Chacun de nous sait de quelles larmes, mais aussi de quelles joies est serti ce sentier. Au sein de la Table Spirituelle, Notre Dame Marie enfante le fils de Dieu.

 

Cette alchimie se fait au fil du temps, dans les remises en question, les combats contre le vieil  homme, dans l’humble prière, dans la méditation, dans la joie et l’amour fraternels, dans les vibrations puissantes de nos rituels, au cœur de l’office d’amour célébré par le couple sacerdotal, sous le souffle de l’Esprit, qui suscite en nous la foi,  nous insuffle  l’espérance   et active l’amour dans nos cœurs.

 

Cette opération exige de nous abandon serein, confiance totale, humilité et obéissance. Elle exige que nous vivions sous le feu de l’Esprit et selon l’Esprit. Vivre sous le feu de l’Esprit, nous savons par expérience ce que cela veut dire. Vivre selon l’Esprit, c’est entrer dans la glorieuse liberté des enfants de Dieu, c’est  échapper au jugement des hommes pour endosser  devant Dieu l’entière responsabilité de nos actes. Vivre selon l’Esprit, c’est rendre présent dans la banalité de nos vies quotidiennes, la joie de Dieu, la lumière du pardon, la force de réconciliation, la puissance de l’amour, ce feu, enfin, qui seul transmue les êtres et les choses et les amène à l’unité parfaite dans le Christ. Vivre selon l’Esprit, c’est, à la semblance de Marie, être tellement assoiffé de Dieu, avoir tant appelé sa Présence, avoir tant attendu sa Venue, que se crée en notre être un vide, un temple, une structure, une image au sein de laquelle le Paraclet se manifestera, que le Paraclet comblera.

 

A l’ombre de Notre Dame, dans le secret et l’humilité de Marie, la Table Spirituelle accomplit sa mission. Elle n’est pas séparée du monde. Elle est au cœur du monde le milieu, la matrice qui manifeste aujourd’hui le graal physique, qui manifestera demain le graal animique des chevaliers et des amazones blanches réconciliés avec eux-mêmes, avec leur prochain, avec la création toute entière, avec Dieu.

 

Comme les rois mages, vous avez entendu l’appel ! Vous avez cru ! Vous vous êtes mis en marche ! En marche vers une double Epiphanie : la vôtre d’abord, la manifestation en vous de votre partie christique, de votre essence, la manifestation du Paraclet à son heure. Aussi comme les rois mages, comme les bergers, réjouissez-vous, tombez à genou et remerciez.

    J’ai dit.

 

                                                                                                          R.S.

                                                                                                                                                                           

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